CHELONIENS

 

Sauver la tortue de France

Un nouveau programme de conservation qui vise à empêcher la disparition progressive de la tortue d'Hermann, seule espèce de tortue terrestre vivant en France, vient d'être lancé pour les dix ans à venir, à l'initiative d'une association. "Après quinze ans de lutte pour tenter d'améliorer le sort de cette espèce, nous pouvons constater aujourd'hui avec regret et inquiétude que l'avenir de la tortue d'Hermann, particulièrement en France continentale, paraît très incertain", déclare le naturaliste Bernard Devaux, fondateur de la Station d'Observation et de Protection des Tortues (SOBTOM), association installée dans le Var et créée en 1985. Il n'existe en France que trois espèces de tortues autochtones, toutes trois menacées: deux espèces d'eau douce (Emys orbicularis et Mauremys leprosa) et la tortue terrestre (Testudo hermanni hermanni). Les tortues sauvages sont en voie de raréfaction alors que prolifèrent les tortues captives d'origine diverses. Ces espèces invasives, tortues de Floride, tortues grecques ou autres tortues "happeuses", dont on estime le nombre total en captivité à plus d'un million, présentent de graves menaces contre la faune sauvage. Considérer les tortues comme "de gentils animaux domestiques" faits pour les jardins ou pour l'amusement est une grande erreur à la fois biologique et écologique (les reptiles n'étant pas faits pour la captivité) et une faute de "sens": dénier à ces espèces le statut d'animaux sauvages, c'est affaiblir toutes les actions de conservation. Depuis 1988, la SOBTOM a mis en place un programme énergique de conservation au village de tortues de Gonfaron, au pied des Maures (versant septentrional). Il abrite 2500 animaux et reçoit 110 000 visiteurs par an.

Dossier BIOsciences N°11.