LES CHILIPODES, par Jean-Jacques Peres.

La Scolopendre annelée: Seuls les Chilipodes sont venimeux et seule la grande Scolopendre, Scolopendra cingulata (La Treille 1789) pose problème en France. D'une longueur de 8 à 12cm, elle est de coloration variable (vert olive à brun-jaunâtre). Mille-pattes essentiellement nocturne, chasseur d'escargots, elle creuse généralement des terriers sous les pierres mais peut se retrouver dans certaines habitations. Cet arthropode possède des forcipules, ou crochets venimeux et lors de morsures une intense douleur survient (plus intense en été qu'en hiver) associée à de la fièvre et une inflammation. Elle est fréquente dans le département du Var.

 

LE COMPLEXE ENDOCRINE CEPHALIQUE DES MYRIAPODES CHILIPODES, par Jean-Jacques Peres.

 

Les Myriapodes Chilopodes possèdent dans la région céphalique, et en liaison nerveuse avec le protocérébron, une formation connue pour sa nature endocrine on la nomme : glande cérébrale. Cette glande exerce une action inhibitrice sur le déclenchement de la mue.

L'étude anatomique et histologique du complexe endocrine céphalique (cellules neurosécrétrices protocérébrales - nervus glandulae cerebralis - glande cérébrale) a été faite chez un certain nombre d'espèces. Nous avons étudié spécialement 11 espèces appartenant à trois des quatre ordres de Chilopodes : Géophilomorphes, Scolopendromorphes, Lithobiomorphes.

La glande cérébrale peut occuper deux positions différentes : plaquée contre le protocérébron chez les Géophilomorphes ou située très latéralement, dans la région oculaire, chez les Scolopendromorphes et les Lithobiomorphes.

La morphologie glandulaire se présente sous deux types :

- globuleuse chez les Géophilomorphes, avec des contours irréguliers ou réguliers ;

- allongée chez les Scolopendromorphes, avec l'aspect d'une grappe de raisin (Scolopendra) ou la forme d'un haricot (Cryptops).

Les Lithobiomorphes ne montrent qu'un seul type de glande, ovoïde, à contours réguliers.

La longueur du nervus glandulae cerebralis varie en fonction de la position de la glande. Chez les Géophilomorphes, il est court et chemine sous le protocérébron ; sa direction est généralement perpendiculaire au grand axe de la tête, sauf chez Necrophloeophagus longicornis, où elle est parallèle à cet axe. Chez les Scolopendromorphes et les Lithobiomorphes, ce nerf est long et sensiblement perpendiculaire au grand axe céphalique. Seuls les Lithobiomorphes présentent un nerf accessoire reliant le nervus glandulae cerebralis au lobe optique (L. calcaratus) ou la glande cérébrale au nerf optique (L. forficatus) ; nous ne l'avons pas mis en évidence chez -L. melanops et L. crassipes. La structure du complexe endocrine céphalique est comparable chez tous les Chilopodes. Le nerf a pour origine des cellules neurosécrétrices situées dans l'écorce ganglionnaire dorsale des lobes latéraux du protocérébron. On distingue deux types cellulaires principaux :

1) des cellules phloxinophiles, avec parfois des granulations Gomori-positives

2) des cellules chargées uniquement de granules. Le trajet intracérébral du nerf est parfois bien visible ; les axones sont phloxinophiles et ne semblent pas renfermer de granules Gomori-positifs.

La glande cérébrale des Géophilomorphes présente un aspect cloisonné ; les cloisons sont nettes (Haplophilus subterraneus et Geophilus carpophagiis) ou ténues (Necrophloeophagus longicornis et surtout Scolioplanes acuminatus). Chez les Scolopendromorphes et les Lithobiomorphes, elles ne sont que rarement visibles en microscopie optique ; toutefois, les lobes glandulaires de Scolopendra sont séparés par des tractus conjonctifs.

Les glandes cérébrales présentent deux types de réactions tinctoriales : des plages phloxinophiles et des granulations Gomori-positives. Les proportions de ces éléments varient suivant les ordres : on distingue soit une prédominance de matériel Gomori-positif (Géophilomorphes) soit une plus grande abondance des plages phloxinophiles (Lithobiomorphes). Chez le genre Cryptops (Scolopendromorphe), les glandes montrent deux zones distinctes : une zone phloxinophile périphérique, où les limites cellulaires sont bien visibles et une zone moins chromophile centrale.

Les deux types de coloration correspondent vraisemblablement à une dualité d'origine des produits de sécrétion : exogène (phloxinophiles) et endogène (granules Gomori-positifs).

Dans la région glandulaire, on peut déceler un certain nombre de structures associées. Une trachée et parfois un vaisseau sanguin (Necrophloeophagus longicornis) accompagnent le nerf sur toute la longueur de son parcours extra-cérébral. Cette trachée ne paraît pas exister chez les Lithobiomorphes.

Les structures associées à la glande elle-même sont : les trachées, le vaisseau sanguin et la lacune sanguine. Les trachées sont toujours en nombre réduit : une ou deux chez les Géophilomorphes, cinq à six (Scolopendra cingulata), une (Cryptops) et aucune chez les Lithobiomorphes. Il n'existe de vaisseau sanguin que chez les Géophilomorphes (sauf Scolioplanes acuiminatus). Ce vaisseau, souvent externe, est parfois interne (Geophilus carpophagus). Chez Necrophloeophagus longicornis, l'ensemble glande cérébrale - vaisseau sanguin - trachée est entouré par une enveloppe conjonctive commune, donnant ainsi l'impression d'une formation compacte. Enfin, la lacune sanguine dans laquelle baigne la glande est un élément commun à tous les Chilopodes étudiés.

Les principales différences portent donc sur la forme générale de la glande et sa position par rapport au protocérébron, les réactions tinctoriales et les structures associées. Les variations sont parfois nettes entre individus appartenant à des ordres différents mais elles sont minimes à l'intérieur d'un même genre et ne peuvent être utilisées pour caractériser l'espèce.